Après avoir volé durant toute la saison 2004 avec mon petit fox de Model Studio (2m55 ; 2kg), au demeurant fort agréable, j’avais une furieuse envie de tenter l’aventure avec un modèle de taille supérieure. Mon B4, vieux de dix ans bientôt, avec son anachronique Ritz 3 est incomparable à un planeur de voltige moderne. Ce dernier étant cassé, il me manquait un gros planeur. Les démonstrations de voltige auxquelles j’ai pu assister, comme celles de l’inimitable (ndlr: je dirais qu'il est quand même relativement bien imité quelque fois tant par le vol que par l'atterrissage) Bruno Geissmann, m’ont mis l’eau à la bouche. J’ai donc craqué pour le Fox de 4m07 de S2G, distribué par la société TopModel.
Le kit
Impressionné par la taille du carton, le déballage et un premier montage à blanc se sont faits en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. L’allure de l’ensemble est excellente et les principaux éléments inspirent une solidité bien suffisante. L’avancement des travaux est fort pratique, puisqu’il ne reste « que » l’agencement de la radio et quelques finitions. Vous pouvez vous faire une idée de ce kit au sortir de la boîte en consultant la page : http://rcsoaringpictures.free.fr/images2/fox_s2g/index.htm qui explique en détail son contenu. Cependant, comme d’habitude, l’accastillage fourni est de qualité très moyenne et j’ai donc commencé la construction en jetant sans remords tout cela à la poubelle. Je l'ai remplacé par du matériel plus sérieux. Il faut avouer qu’on ne peut pas demander la lune pour un kit de fox de 4m à ce prix. La notice fournie est réduite à sa plus simple expression, et je ne l’ai d’ailleurs conservée que pour avoir une référence de centrage.
Construction
Il n’y a rien de particulier à signaler concernant le montage, car il s’agit surtout d’installer la radio. Toutefois, il est bon de penser à certaines choses. En effet, j’ai commencé par m’équiper en câble pour les rallonges de servos. Avec deux servos pour la profondeur, un par aileron et un par AF, c’est au bas mot 10m de câble que j’ai servis pour relier le tout au récepteur. Préparez votre fer à souder, car il y a pas mal de soudures à faire. N’oubliez pas non plus les ferrites, car les longueurs risqueraient probablement de provoquer des parasites. Seul le servo du crochet n’en a pas besoin. Le récepteur est logé sur une platine en CTP 3mm (non fournie) dans le nez du modèle, en compagnie de l’accu et du servo du crochet de remorquage. Le crochet (non fourni bien sûr) fait partie de la gamme de Top Model et mesure 15mm de diamètre, ce qui convient pile poil au diamètre prévu dans le nez du planeur. Sa commande, comme toutes les autres sauf la dérive, fait appel à des chapes à boule montées sur une tige filetée M2 et est rigidifiée par un tube carbone qui manchonne la tige. C’est fiable, solide, donc un souci en moins. La commande de direction utilise des câbles aller-retour, mus par un servo puissant (9,6kg) sur lequel j’ai mis un palonnier métallique, afin de réduire toute souplesse et minimiser le jeu. Les guignols sont « maison » et bien plus sérieux que ceux du kit. Sur un modèle de cette envergure et de ce poids, avec des gouvernes de cette taille, je préfère customiser ces points pour obtenir un résultat « béton ». Ils sont constitués de deux petites plaques en fibre qui enserrent une chape à rotule. L’axe est fait avec une vis M2 et un écrou nylstop qui solidarise le tout. C’est simple et ultra solide. La connectique des servos d’ailes est assurée par des fiches informatiques SUB-D 9 pôles, ce qui réduit le temps de montage au terrain. Le stab est servi à la même sauce que les ailes, à la différence qu’on emploie deux servos pour la profondeur. C’est un gage de sécurité, car la gouverne de profondeur est énorme et deux mini-servos de 4,8kg y sont donc asservis. Il a fallu tout de même un bon kilo de plomb pour centrer le fox correctement. Des plaques de ce métal sont vissées par deux vis M4 sur une platine en CTP 8mm avec un écrou au dos, collée au fond du fuselage, juste derrière la radio. La déco a été réduite à un strict minimum, car le fuselage vieillira certainement bien assez vite pour qu’une peinture soit nécessaire d’ici une année ou deux. Eh oui, chez nous on use les modèles, et mon petit fox, par exemple, après neuf mois de vols à la plaine (estimation : 100 à 150 remorquages, peut-être plus !) et en pente, est déjà un vieillard qu’il faudra remettre à neuf. Il faut dire que le vol d’un fox est court mais intense et par conséquent, quand les autres font deux montées avec le remorqueur, mon modèle en fait cinq et autant d’atterrissages. Tout ceci pour justifier que seule une croix suisse par-ci par-là et deux petites bandes bleues suffiront pour le moment. J’ai fait moi-même des autocollants du logo fox (que m’a gentiment envoyé un correspondant de chez Marganski, merci à lui) avec l’imprimante laser. Une peinture granit de l’intérieur du fuselage ajoute à l’impression de « fini » de l’ensemble et c’est assez content de mon travail que j’ai préparé le modèle pour son premier vol. Pour l’aménagement cabine, on verra plus tard.
Le vol
Premières impressions : En l'air, ce gros oiseau est fantastique. Il surprend tout d'abord par son réalisme. Ensuite, en acrobatie les possibilités semblent énormes et les accélérations fulgurantes. Mauvaise surprise au deuxième vol, pourtant pas trop musclé et après deux atterrissages vraiment très doux, une aile faisait déjà une drôle de tête. En effet, à ma grande surprise, le fourreau de la clé avait pris un jeu anormal dans l'aile. De retour à l'atelier, un petit sondage me montre que la nervure qui soutient le fourreau est comme « mangée ». Grosse interrogation, j'en reste là. La réparation est simple: on perce quelques petits trous à l’intrados, avec une CAP pliée au bout du fer à souder on dégage un peu le fourreau du polystyrène environnant, et ensuite avec une seringue on bourre le tout d'époxy fluide. Attention, si vous faites un jour ce genre de réparation, veillez à ce que l’époxy ne s’introduise pas dans le fourreau. J’ai testé et je peux vous dire que bien des jurons m’ont échappé en rattrapant cette bavure avec une grande quantité d’huile de coude. La solution choisie ici est certainement discutable, mais je la considère comme la étant la moins complexe et surtout elle permet de préserver l’intégrité du coffrage. Aussi, comme le préconise le magazine Fly (paru deux jours avant le premier vol), une âme de dérive qui va jusqu'en bas du fuselage est nécessaire, car j'ai constaté moi-même après un flutter sans gravité que cette partie manque de rigidité. Le jeu apporté par les câbes en attaque oblique n'est pas tolérable, et un gros servo (11kg) en direct a été installé dans la partie fixe de la dérive. Une longue plaque en CTP 3mm, collée généreusement à l’époxy, renforce le pied de dérive en torsion. La voltige demande suffisamment d’amplitude, et il me faudra certainement encore faut un certain temps d’adaptation à cette taille d’évolutions. Je dois laisser de côté mes habitudes du modèle plus petit. Le différentiel aux ailerons doit être ajusté de manière précise pour obtenir un roulis sans effets parasites. La profondeur est douce en vol normal, mais avec les grands débattements un humpty-bump quasiment à l’arrêt est une figure simple à passer. Ceci dit, la gouverne est tellement grande, que les débattements n’ont pas besoin d’être énormes. J’estime qu'un braquage de 30° de part et d'autre est suffisant. À haute vitesse, en grands débattements, le fox est chatouilleux en tangage et comme je suis en général trop dur sur les manches, 30% d’exponentiel me permettent des trajectoires fluides. La dérive est très agréable sur les fox, car elle n’engendre absolument aucun roulis. Les glissades doivent donc se faire avec très peu d’ailerons au début pour donner la trajectoire, et ensuite on ne les touche plus jusqu’à l’arrondi final. La dérive, pour ne pas être trop brusque, à été adoucie par 25% d’exponentiel et par contre le débattement est maximal. Les ailerons, articulés avec l’entoilage, ont un débattement vraiment limite. Je l’ai un peu augmenté en tirant fort sur la gouverne tout en passant le fer sur l’articulation. Les débattements sont ensuite mis au maximum de la course possible, en toute circonstance. Pour le vol, j’utilise 30% d’exponentiel sur cet axe et le taux de roulis est correct, sans plus. Il faudrait songer à couper l’articulation et refaire une charnière. On peut en faire une avec une bande d’oracover posée comme une bande adhésive, style blenderm. J’avais entoilé le petit fox en utilisant l’entoilage directement comme charnière, comme pour ce kit, et après une année aucun signe de faiblesse n’est apparu et la charnière est toujours parfaitement axée. En vol la charge alaire pourtant importante ne se fait pas du tout ressentir. Il faut dire que les grands planeurs aiment généralement être chargés, et il me semble que le profil a ainsi un meilleur rendement (si mes souvenirs aérodynamiques sont bons). Malgré son poids impressionnant au départ (ça tire dans les bras quand on le soupèse), il peut voler à une vitesse ridicule. Ceci dit, lors d’un remorquage où différents taux de montée ont été testés, il a tout de même décroché. Pas de soucis, cela arrive vraiment tard, et avec un bon remorqueur vous n’aurez aucune crainte à avoir. Le planeur bat des ailes durant une bonne seconde, puis plonge pour reprendre très vite sa ligne de vol. De toute manière, le vol lent n’est à réserver que pour la phase d’approche finale ou lors d’une spirale dans une pompe d’enfer. Sinon, il vaut mieux laisser le fox filer à sa guise, ce qu’il fait volontiers et ça va alors très vite. Les atterrissages aux grands angles sont d’une simplicité enfantine et on se prend vite au jeu à poser la roulette de queue en premier. Même si on arrive un peu vite, les AF sont bien efficaces et relativement proportionnels. Un petit mixage donnant quelques poussières de profondeur à piquer corrigent l’effet cabreur des AF. J’ai par contre dû changer la roue principale, choisie naïvement en mousse dure (pour gagner un peu de poids). Elle a été remplacée par une roue à jante en aluminium et palier nylon , munie d’un pneu caoutchouc robuste. C’est cher et lourd, mais au moins le pneu ne déjante pas au roulage si on fait un petit virage en fin de course pour rejoindre le bord de la piste. Hormis les quelques petits défauts signalés (seul cas pour l'aile selon S2G, qui est très arrangeant), c'est un modèle que je recommande sans réserve, tant il est sain en vol. En plus il est beau, alors...